Beaucoup de personnes en métropole doivent certainement penser que les grèves en Guyane sont terminées. En effet, les chaînes d'information en France se consacrent presque exclusivement aux élections présidentielles et notre galère quotidienne n'est tout simplement plus relayée. Pourtant, les grèves continuent bel et bien...
En ce moment, c'est surtout les employés d'EDF, de l'hôpital et du port de Guyane (Dégrade des Cannes) qui poursuivent leur mouvement. Par conséquent, nous avons des coupures d'électricité inopinées à toute heure, plusieurs fois par jour, et les containeurs non déchargés s'accumulent au port avec les produits de consommation en attente.
Aujourd'hui, pour la première fois depuis cinq semaines, les établissements scolaires ont enfin rouvert leurs portes et mes élèves et moi avons repris le chemin de l'école. Il était temps ! Hélas, c'était sans compter sur les grévistes d'EDF qui ont coupé l'électricité dans toute la ville entre 8h à 12h. Alors que je devais aider au mieux mes élèves de terminale à préparer leurs épreuves du baccalauréat qui ont lieu cette semaine, j'ai passé les quatre heures de cours les plus désagréables physiquement de ma carrière d'enseignant. Sans électricité, dans la pénombre, privés de tout appareil audio et vidéo et de ventilateurs, nous avons vite crevé de chaud (28°aujourd'hui) dans la petite salle de pré-fabriquée où nous avons cours. Pour respirer et pour avoir plus de lumière, nous avons ouvert les portes et les quelques petites fenêtres mais... nous sommes aussi en plein saison humide ici en Guyane ! Des averses et des pluies battantes ont éclaté tout au long de la matinée si bien que nous ne pouvions plus nous entendre parler sans nous crier dessus. Mais si on fermait les portes, on ne voyait plus le tableau et on étouffait de chaleur...
A 11h, c'était le pompon. Une alarme d'urgence devant les préfabriquées a court-circuité et s'est mis à hurler pendant 45 minutes. Alors là, nous étions obligés de fermer la porte et les fenêtres si nous ne voulions pas nous boucher les oreilles en permanence. Cela tombait sur ma classe de terminale la plus en retard pour les épreuves du baccalauréat de la semaine. Aussi incroyable que cela puisse paraître, et devant l'urgence de la situation, nous avons quand-même réussi à réunir assez de volonté et de détermination pour tâcher de travailler malgré les conditions déplorables. Et pourquoi l'administration ne fermait pas tout simplement le lycée ? Pourquoi nous a-t-elle laissé poursuivre quatre heures sans électricité dans le bruit, la chaleur, la pénombre ?
Puis, à 12h, à la fin des cours, BING ! Les lumières s'allument, les ventilateurs se remettent en marche, les appareils refonctionnent. Pfff. Les grévistes d'EDF diront certainement que si les élèves guyanais ne réussissent pas leurs examens, c'est la faute du gouvernement...